Savez-vous que la légende veut que Bertrand du
Guesclin ait passé une nuit à la Ville Esnault ?
A quelle occasion BdG aurait-il pu s’arrêter
dans ce hameau et pour quoi faire ? On n'en saura jamais rien .
Mais tout de même ! On est là dans son
territoire, il l’a parcouru dans tous les sens
pendant de nombreuses années et il n'est pas déraisonnable de
penser qu’il connaissait toute cette
région comme sa poche ainsi qu'une grande partie de ses habitants.
De
Dinan à Pontorson, du Mont St Michel à Bécherel, de St Malo à Rennes, c’eût été
bien le diable que l’occasion ne se soit pas présentée au moins une fois.
Eh bien oui ! Elle se présente.
Un beau jour de l’an de grâce 1361.
Nous sommes en pleine guerre de Cent Ans et
comme si cela ne suffisait pas c’est également la guerre de Succession de
Bretagne entre les Blois et les Montfort.
Bref, c’est pas brillant, même si on connaît en
ce moment une petite période de trêve.
Bécherel, étant aux Anglais, doit renouveler régulièrement sa garnison. Arrivent donc dans la région des troupes fraîches venant d’Angleterre
débarquant à St Malo ou descendant de Normandie.
L’une d’entre elles, commandée par trois
capitaines et nombreuse de quelque trois cents hommes, passe donc devant
Pontorson et le dénommé Felton en profite pour défier BdG .
Prétextant une grande fatigue de ses hommes,
celui-ci ne relève pas mais s’empresse une fois débarrassé de l’impertinent
anglais de réunir les garnisons de Dol, Landal, Beuvron et du Mont St Michel
pour se mettre à sa poursuite.
A la tête d’une troupe d’une centaine de
lances, il le rattrape dans les landes de Meillac, un lieu-dit appelé désormais
la Bataille.
Et le combat s’engage.
Ce ne fut pas une escarmouche, tout le rebours.
Ce fut féroce, on l’imagine sans peine.
Au bout du compte, les Anglais sont défaits et
Felton fait prisonnier par un certain Guillaume Bodin.
C’est là que l’histoire laisse la place à la
légende.
La bataille a duré un certain temps et la nuit
approche.
Il faut se reposer, les hommes sont épuisés.
Il faut enterrer les morts et soigner les
blessés.
BdG connaît bien les lieux et sait que tout
près d’ici se trouve une ferme où il pourra se refaire une santé avant le
retour à Pontorson.
En route donc pour la Ville Esnault.
En 1361, la Ville Esnault est une ferme
fortifiée flanquée contre une colline boisée d’où est extraite la pierre et
coupé le bois pour construire les murs épais qui la protègent des malheurs de
la guerre .
Et elle en fait des ravages, la guerre. Les
campagnes environnantes sont continuellement parcourues par des troupes
armées et la Ville Esnault n’a pas été épargnée, loin s’en faut, car une
ferme isolée est une proie attirante pour des soudards en quête de pillage. Le
pire est peut-être, paradoxalement, les périodes de trêve.
La liste des malheurs est grande en ce XIVème
siècle, car en plus de la guerre omniprésente, la peste a prélevé sa quote-part
et a marqué durablement les esprits.
Une colonne se met donc en marche, composée des
combattants bretons et des quelques prisonniers anglais qui pourront être
libérés contre monnaies sonnantes et trébuchantes. Eh oui, on épargne que les
hommes rançonnables , pour les autres, il leur faut prendre la poudre
d’escampette pour en réchapper.
Peut-on
imaginer la terreur que peut inspirer une troupe semblable d’hommes en armes
chez des paysans paisibles déjà tellement éprouvés.
Mais BdG en chef de guerre averti, il a quarante
et un ans, sait qu’il faut ménager les habitants de ces campagnes pour
s’assurer leur complicité dans la lutte qu’il a engagé contre ces envahisseurs.
On sait BdG adepte de l’intervention rapide et
surprise, de la guérilla en quelque sorte et pour cela il ne veut pas se mettre
les populations à dos.
Alors dans le cas présent imaginons qu’il ait
envoyé son écuyer Leraut avertir les fermiers de leur arrivée prochaine afin de
préparer la grange pour ses hommes et les prisonniers.
C’est l’effervescence dans la ferme de la Ville
Esnault après l’arrivée de Leraut.
Toute la famille s’affole dans la maisonnée, on
le connaît bien BdG, mais enfin, tout ce monde. Dans quel état vont-ils laisser
la place ?
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Blason de Bertrand du Guesclin |
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