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mardi 25 décembre 2012

Départ avec Bertrand


Il fait nuit noire et un peu frisquet en cette soirée à la Ville Esnault. Les hommes de Bertrand se sont installés dans la cour de la ferme qui s'est vite transformée en une ruche active et bruyante.
Un grand feu crépitant éclaire les murs de pierre, faisant danser mille formes éphémères. L'humeur est festive après cette victoire sur les anglais de Felton.
Les enfants de la ferme, blottis et craintifs, n'en croient pas leurs sens ; ce vacarme mêlant cris et rires, hennissements, chocs d'armes, pas d'hommes et de chevaux, ces odeurs de cuirs et de sueurs, de viandes grillées sur la braise, de foins pour les litières, et ces couleurs d'habits multicolores, de visages tannés, d'éclats des armures, rehaussées par les lueurs d'un feu éblouissant, dans un mouvement continuel.
Les prisonniers sont enfermés dans l'écurie et gardés étroitement.
Bertrand est au milieu de ses hommes, concentré, toujours prêt à intervenir pour faire régner l'ordre. L'agitation est extrême en ce moment car il s'agit de se partager le butin. En effet les anglais étaient accompagnés par un convoi important de produits en tous genres.
Les chariots avaient été amenés au centre de la cour de la ferme et vidés de leur contenu à même le sol. Provisions de bouche, articles ménagers, tissus et vêtements de toutes les couleurs, Bertrand et ses hommes sont tombés sur un gros convoi d'approvisionnement.





Après en avoir fait l'inventaire, Bertrand distribue en fonction des mérites et des besoins de chacun. Les gens de la ferme ne seront pas oubliés dans le partage.
Bertrand connait ses hommes sur le bout des doigts et chacun à reçu sa part du butin sans rechigner. Tous font entière confiance à leur chef et savent qu'ils peuvent compter sur son équité.



Partage du butin

Bertrand appelle Jehan Rousselin, le fermier et sa femme Mathilde, pour leur donner une grande quantité de poteries et vaisselles diverses, coquemarts, oules, jattes, quelques pichets à vin superbes et une magnifique aquamanille. Bertrand , laissant Mathilde à son ravissement, prend Jehan par l'épaule et l’entraîne à l'écart pour lui parler de son fils Philippe.
Se doutant bien des raisons de cet entretien, Jehan écoute Du Guesclin lui vanter les qualités de son gaillard de fils.
Depuis longtemps Philippe a fait savoir à son père qu'il ne resterait pas à la ferme, pas en tout cas tant qu'elle serait parcourue et pillée par ses bandes de soudards anglais et contre lesquelles il n'avait d'autre alternative que de se cacher et subir. Il y a longtemps qu'il est admiratif de ce héros à ses yeux qu'est Bertrand. Il en rêve de se battre, de réduire cet ennemi et ainsi venger son grand-père victime de la brutalité des godons.
Jehan ne dit rien, il acquiesce en silence d'un mouvement de tête, n'osant contredire le guerrier, il a compris qu'il ne pourra retenir son rejeton maintenant que Du Guesclin lui-même vient lui proposer un engagement à son service.
Philippe suit du regard la conversation ou plutôt le monologue de Bertrand, il pressent la réticence de son père mais ne doute pas qu'il finisse par accepter. D'ailleurs en a-t-il vraiment le choix ? Les anglais sont vraiment trop pressants.
L'animation baisse de régime dans la cour. Les groupes de soldats se dispersent, allant deci-delà se préparer pour la nuit. Quelques ordres fusent, graves et rapides. La troupe va se tapir pour le repos mais toujours aux aguets malgré tout. Philippe les a rejoint à l'invitation de Bertrand qui lui a fait signe après la discussion qu'il a eut avec son père. Il n'a pas hésité, il l'a suivi, regardant son père se diriger vers Mathilde qui savait aussi à quoi s'en tenir.




Blason de Bertrand du Guesclin

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